En tant que source d'information, le blog de Romande Energie offre une diversité d'opinions sur des thèmes énergétiques variés. Rédigés en partie par des indépendants, les articles publiés ne représentent pas nécessairement la position de l'entreprise. Notre objectif consiste à diffuser des informations de natures différentes pour encourager une réflexion approfondie et promouvoir un dialogue ouvert au sein de notre communauté.
La sobriété, c'est consommer moins, mais mieux. Elle questionne nos besoins réels et nous invite à reconsidérer notre rapport à la consommation. Ce n’est pas « retourner à la bougie » ou « rouler en char à bœufs », comme certains préviennent faussement. Loin de là : il s’agit de gestes faciles, qui invitent à (re)trouver une forme de liberté et d’autonomie, avec pour finalité la réalisation d’économies - notamment énergétiques - immédiates et directes.
La notion de sobriété est pleinement entrée dans notre vocabulaire l’hiver passé, portée par la crainte d’une pénurie énergétique. Ainsi, limiter la température intérieure à 19°C ou opter pour une douche plutôt qu’un bain sont des gestes qui, sans péjorer notre quotidien, sont assimilés à des actes de sobriété. Mais vous en connaissez, et en pratiquez sans doute d’autres : mutualiser (des véhicules, des espaces, des services, etc.), réduire sa vitesse sur l’autoroute, échanger des habits au lieu d’en acquérir des neufs, réduire sa consommation de viande, laver son linge à 30° au lieu de 60°, ou encore trier ses déchets. Non, les gestes de sobriété ne datent pas de l’hiver passé. Nombre d’entre nous se souviennent de cette phrase, entendue enfant, alors que nous quittions une pièce : « Éteins la lumière, je ne m’appelle pas Crésus ! ». A l’époque, j’ai alors appris deux choses : qui était ce richissime Crésus et que dépenser l’électricité avait un coût. Au final, on joue sur les mots : à l’époque on évoquait le bon sens, aujourd’hui on parle de sobriété, demain ces gestes seront indispensables. L’étude prospective publiée par le Canton de Vaud à la fin du mois de juin intitulée « Transition énergétique dans le canton de Vaud à l’horizon 2050 » ne fait d’ailleurs pas mystère sur ce nécessaire besoin de frugalité. « Les solutions juridiques ou techniques seules ne devraient pas suffire (à atteindre la neutralité carbone en 2050 dans le canton, ndlr), et l’objectif ne pourra vraisemblablement être atteint qu’avec des changements de pratiques et davantage de sobriété. »
C’est quoi la sobriété ?
Pour Barbara Nicoloso, directrice de l’association Virage Energie, les domaines qu’elle touche sont nombreux. Elle les détaille dans son excellent livre « Petit traité de sobriété énergétique ». Ainsi, la sobriété peut – entre autres – être matérielle (repenser notre utilisation des biens), structurelle (impact de l’aménagement du territoire sur notre organisation et nos modes de vie), d’usage (ce n’est pas parce qu’on a une voiture qu’il faut l’utiliser tout le temps), organisationnelle (repenser nos habitudes collectives), collaborative (pratiquer ensemble une activité permettant de réduire la consommation d’énergie, comme les Repair Cafés) ou encore énergétique (consommer la juste quantité d’énergie et éviter le gaspillage). L’Office fédéral de la culture en donne une définition universelle. « Les personnes ont un mode de vie sobre quand elles orientent consciemment leur comportement en fonction de ce qui est vraiment indispensable pour bien vivre et non du maximum imaginable. Elles ménagent ainsi l’environnement et améliorent leur qualité de vie. Elles se concentrent sur l’essentiel. Cela ne veut pas dire renoncer à tout, mais faire des choix, partager ou échanger. » Marlyne Sahakian, professeure associée au Département de sociologie à l’Université de Genève, apporte une autre vision éclairante. « L’idée centrale de la sobriété énergétique (…) est d’éviter une certaine partie de la demande tout en répondant aux besoins humains. Autrement dit : il s’agit de trouver une façon de consommer moins en prétéritant aussi peu que possible notre bien-être et notre qualité de vie. »
Non, ce n’est pas un retour en arrière !
Nous devons regarder la vérité en face et agir en conséquence, sortir la tête du sable. Premièrement, nous vivons dans un monde fini aux ressources naturelles limitées, où les émissions de gaz à effet de serre et la surexploitation des ressources ont de terribles conséquences sur nos écosystèmes. Deuxièmement, la surconsommation entraîne une surproduction, qui elle-même génère des déchets et de la pollution. Et enfin, nos choix de consommation ont un impact direct sur notre santé et notre bien-être. Dans son livre, Barbara Nicoloso épingle notre addiction à l’énergie, cette richesse essentielle mais quasi invisible, et rappelle qu’en l’espace de deux siècles, l’espèce humaine est devenue une force géologique à part entière responsable d’un dérèglement climatique planétaire. Au terme sobriété, elle oppose très justement celui d’ébriété. « Les sociétés occidentales vivent depuis la fin du XIXe siècle en état d’ébriété énergétique permanent, écrit-elle. Elles fonctionnent sous perfusion énergétique et peinent à s’en sevrer. » Elle précise par ailleurs qu’au vu de l’urgence climatique, notre rapport aux biens matériels s’apparente à du gaspillage et souligne que la transition énergétique vers un modèle de société soutenable doit être une démarche collective, démocratique et souhaitable. « Quand l’individualisme propre au capitalisme moderne a plutôt tendance à encourager le repli sur soi, la sobriété, au contraire, encourage à s’ouvrir aux autres pour collaborer, à multiplier les pratiques plutôt que de se spécialiser. » Elle précise que la sobriété diffère de l’efficacité énergétique qui, elle, fait appel exclusivement à des améliorations techniques permettant de réduire les consommations d’énergie à l’échelle d’un système donné (bâtiment, véhicule, etc.).
Attention à l’effet rebond
La sobriété va de pair avec un changement de comportements. Toucher à son écosystème personnel, c’est ajouter de la conscience dans nos actes. C’est une formidable opportunité de questionner nos habitudes et d’ouvrir les possibles. Une boucle vertueuse qui touche aussi – ou plutôt ne touche pas - à notre porte-monnaie, comme le souligne Fabien Lüthi de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). « L’énergie, les biens et les ressources non consommées ne nous coûtent rien. Plus on est sobre, plus on économise. Nous pouvons ensuite décider d’investir par exemple dans l’achat d’un appareil plus cher, mais plus efficace sur la durée. Et faire le choix de la sobriété, c’est également participer à l’effort collectif. » Il met toutefois en garde contre l’effet rebond, comparable à un su-sucre mental qui réduit à néant les efforts, voire les contrebalancent. « Si je me passe de la voiture toute l’année, alors je peux prendre l’avion plus souvent » est par exemple un très mauvais calcul. Il est un adage qui conseille de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ; en matière de sobriété, questionner plusieurs fois ses besoins avant d’agir est également tout à fait pertinent.
« Moins c’est mieux »
Le Centre de compétences en durabilité de l’UNIL a lancé en début d’année, et en partenariat avec Romande Energie, le cycle « Moins c’est mieux ». La démarche a pour but d’ouvrir les discussions et d’apporter des éléments de cadrage sur la question de sobriété énergétique, ainsi que des manières concrètes de la mettre en œuvre. Le programme durera jusqu’à la fin de l’année 2023 et est ouvert au public. Il inclut conférences, films, tables rondes, théâtres d’improvisation et diverses autres opportunités de réfléchir ensemble aux futurs possibles pour nos sociétés et notre planète. Lors de la conférence du 9 mars dernier intitulé « La sobriété énergétique de la théorie à la pratique », Sascha Nick, chercheur en transformation sociétale à l’EPFL, a évoqué le potentiel évident de la sobriété en Suisse. « Si les approches basées sur l’efficacité permettent au mieux de réduire les besoins énergétiques de moitié, la sobriété permettrait de la diviser par six et c’est en combinant les deux que nous pourrons la diminuer par douze. » Le chercheur s’est par ailleurs demandé pourquoi la sobriété n’est pas déjà partout dans nos sociétés, si elle présente autant d’avantages ? Sa réponse est limpide : la sobriété est incompatible avec l’économie néo-classique et les structures de pouvoir existantes que nous avons créées. Il avance alors la nécessité de réinventer les institutions permettant l’engagement de la population autour de ces grandes questions sociétales, par exemple, avec les assemblées citoyennes.
En matière de sobriété, les changements doivent certes venir de l’individu. Mais si seul on va plus vite, à plusieurs on va plus loin : la sobriété doit véritablement être une démarche démocratique et solidaire. De plus, changer de comportement nécessite des conditions favorables au passage à l’acte et à son maintien. La mise en œuvre de la sobriété est donc avant tout collective, et donc politique. C’est à nos gouvernements de créer ces conditions favorables au changement de comportement, à travers une stratégie concertée et ambitieuse.
Sources utiles :
Association Virage Energie
Livre « Petit traité de sobriété énergétique »
Des scientifiques de l'EPFL et de la HES-SO Valais ont démontré, au travers d’une étude publiée en juin 2023, qu'une Suisse neutre en carbone et indépendante sur le plan énergétique d'ici 2050 est réalisable en utilisant les ressources locales d'énergie renouvelable encore non exploitées. L’opération permettrait une réduction des coûts jusqu’à 30% et renforcerait la résilience énergétique de notre pays.
Qu’est-ce que la résilience énergétique ? Elle se réfère à notre capacité à réagir et nous adapter aux perturbations, qu’elles soient d’ordre naturel (comme les catastrophes naturelles), technologique (comme un blackout), économique (comme les fluctuations des prix de l'énergie) ou géopolitiques (lorsqu’on évoque les guerres et conflits). Pour garantir cette résilience face aux perturbations externes, les chercheurs ont donc modélisé un système énergétique indépendant, dont les investissements financiers valorisent nos ressources durables.
Quels sont les principaux enjeux soulevés ?
Neutralité carbone et indépendance énergétique :
L'étude explore la possibilité de rendre notre système énergétique neutre en carbone et indépendant, via les sources d'énergie renouvelable locales, afin de réduire les émissions de carbone du secteur de l'énergie et de limiter notre dépendance aux importations. Toutefois, si l’indépendance énergétique est théoriquement possible, ce n’est pas un objectif en soi, comme l’explique Jonas Schnidrig, doctorant à l'EPFL et à la HES-SO Valais et auteur principal de cette étude. « L'indépendance énergétique est plutôt une manière de concevoir un système qui garantit la sécurité de l'approvisionnement. Ce qui importe, c'est de parvenir à une combinaison équilibrée d'autosuffisance et de dépendance judicieuse vis-à-vis de nos partenaires, ce qui assure une plus grande résilience dans notre système énergétique. Il s’agit non seulement d’optimiser l'utilisation de nos propres ressources énergétiques, mais aussi de stimuler l'innovation et de créer des emplois dans le secteur de l'énergie. »
En une phrase : exploiter les sources d’énergie durables locales et limiter notre dépendance aux importations, pour réduire les émissions de carbone du secteur et assurer une plus grande résilience de notre système énergétique.
Utilisation des ressources locales :
L'étude met en évidence le potentiel inexploité de l'énergie solaire photovoltaïque et éolienne en Suisse. En optimisant les investissements dans ces sources d'énergie, notamment en couvrant une partie des toits du pays avec des panneaux solaires, il serait possible de produire localement une grande partie de l'électricité nécessaire. Les chercheuses et chercheurs du groupe Industrial Process and Energy Systems Engineering (IPESE) de la Faculté des Sciences et Techniques de l'Ingénieur de l'EPFL ont constaté que, pour atteindre ces objectifs, la Suisse devrait augmenter la production d'électricité photovoltaïque (PV) et éolienne. L’optimum économique pourrait ainsi être atteint en couvrant 60% de la surface des toits de la Suisse avec des systèmes photovoltaïques. « La prochaine étape consiste à déterminer quels sont les toits les plus appropriés », ajoute Jonas Schnidrig, principal auteur de l’étude.
En une phrase : atteindre un optimum économique en couvrant de panneaux photovoltaïques le 60% de la surface des toits de la Suisse.
Équilibrer production et stockage saisonnier :
Pour être en mesure de répondre à la demande tout au long de l’année, l'étude souligne par ailleurs l'importance de trouver un équilibre entre les différentes sources, compte tenu des variations saisonnières. « Étant donné que le soleil brille plus intensément en été et que le vent souffle plus intensément en hiver, il est essentiel de trouver le bon équilibre et de développer des capacités de stockage saisonnier » précise un communiqué de l’EPFL. Les chercheurs suggèrent ainsi d’équilibrer la production solaire estivale par un déploiement de capacité éolienne, combiné à l'utilisation de l'hydroélectricité et de la biomasse.
En une phrase : combiner les énergies issues du soleil (photovoltaïque), du vent (éolien), de l’eau (hydroélectrique) et des déchets organiques (bois et biomasse).
Transiter vers des investissements locaux :
Le modèle proposé par l'étude encourage des investissements locaux dans les énergies renouvelables, afin de s'affranchir des fluctuations des prix sur les marchés internationaux et de renforcer la sécurité énergétique à long terme. Les scientifiques concluent que « la principale différence réside dans la nature des coûts : le système énergétique suisse actuel repose principalement sur des importations (bon marché) plutôt que sur des investissements. Le consommateur paie donc et dépend de l'utilisation de ressources et de technologies qui sont effectivement investies et exploitées en dehors de la Suisse », explique François Maréchal. « En revanche, le futur système que nous avons modélisé est basé sur l'investissement local, l'utilisation de nos propres ressources, et semble être le choix le plus économique et le plus résilient à long terme. »
En une phrase : investir en Suisse dans les énergies renouvelables pour s’affranchir des fluctuations de prix et renforcer notre sécurité énergétique.
Source : communiqué EPFL
***
« Le défi est de réorienter le budget consacré à l'achat de ressources énergétiques telles que le pétrole, vers des investissements nationaux dans les énergies propres. »
Trois questions à Jonas Schnidrig, doctorant à l'EPFL et à la HES-SO Valais et auteur principal de l’étude « Sur le rôle de l'infrastructure énergétique dans la transition énergétique. Étude de cas d'un système énergétique indépendant et neutre en CO2 pour la Suisse ».
Quelle est l’importance de l’écart entre la théorie de votre étude et la mise en pratique concrète sur le terrain ?
Dans notre étude, nous avons modélisé un système énergétique idéal pour 2050, en supposant que les acteurs énergétiques suisses aient pris collectivement les décisions d’investissement sur base du coût minimum pour notre pays. Cette hypothèse se justifie, puisque d’ici là et à part pour les barrages et les infrastructures réseaux, toutes les technologies concernées auront atteint leur fin de vie et auront dû être remplacées. Cette approche vise dès lors à modéliser le processus de prise de décision et peut, de ce fait, ne pas représenter la réalité du comportement des acteurs confrontés au jour le jour à leur perception du marché. Cela permet d’expliquer l’écart possible entre un monde simulé et sa mise en œuvre.
Quelles sont les implications de cette étude pour les investissements dans les énergies durables en Suisse et quelles politiques pourraient être introduites pour encourager ces investissements ?
Notre étude révèle un changement majeur dans la structure des dépenses énergétiques en Suisse. Aujourd’hui, selon nos calculs, les dépenses énergétiques annuelles correspondent à 16.2 milliards (dont 12.6 pour l'achat d’énergie à l'étranger). Le système envisagé pour 2050 est non seulement 30% moins coûteux, mais structuré différemment, avec le rapatriement des dépenses en Suisse. Le défi est ainsi de réorienter le budget actuellement consacré à l'achat de ressources énergétiques traditionnelles telles que le pétrole, vers des investissements nationaux dans les énergies propres. Cette transition implique une décentralisation qui ouvre la voie à une nouvelle génération d'acteurs, les prosumers, à la fois producteurs et consommateurs d'énergie. Il s'agit donc de développer de nouveaux modèles d’affaires. Ainsi, plutôt que de concentrer nos efforts sur la construction de grandes centrales électriques, nous envisageons une multiplication d’installations de petite taille, telles que les batteries et les piles à combustible. C'est un véritable changement de paradigme : il s'agit de mobiliser des investissements pour la gestion de l’énergie et la collecte d’énergie renouvelable, plutôt que de faire des achats sur les marchés et permettre à d’autres d’en tirer profit. Notre étude met également en évidence la nécessité de disposer d'une main-d'œuvre qualifiée pour implémenter la transition, ce qui implique un soutien à la formation continue. Nous avons besoin de politiques qui encouragent le développement des prosumers et des communautés d’autoconsommateurs, la formation et le développement des compétences, ainsi qu’une approche de l'investissement qui favorise la mobilisation de capitaux plutôt que l'achat d'énergie. C'est une transformation profonde nécessaire à une transition énergétique réussie.
Quelle est la suite donnée à cette étude ?
Nous avons identifié plusieurs domaines nécessitant des recherches approfondies. Il s’agit par exemple d’avoir une meilleure compréhension du rôle des acteurs dans un système décentralisé, et d’étudier l’impact de l'efficacité, de la rénovation et du rôle des batteries des véhicules. Nous explorerons également la manière dont les gouvernements, les entreprises, les consommateurs, les chercheurs et les ONG contribuent à la transition énergétique, pour tenter de comprendre leurs intérêts et leurs motivations, tout comme les défis auxquels ils sont confrontés, les opportunités qui s'offrent à eux et les éventuelles collaborations. Nous allons également étudier les possibilités et les impacts d’une récupération et d’une distribution de la chaleur résiduelle dans les installations traditionnelles, les conséquences du réchauffement climatique sur l'énergie hydraulique dans le mix énergétique suisse, l’importance de la production future des données et l’adaptation du système énergétique à ces nouvelles demandes. L’impact de la décarbonisation de l’industrie sera par ailleurs intégrée à notre approche, alors que nous analyserons également comment la Suisse interagit avec les marchés de l'énergie des pays voisins, comment elle participe à la politique énergétique de l'UE et comment elle influence les tendances et les évolutions énergétiques régionales. Nous travaillons également sur le développement d’algorithmes de transfert de connaissance, en proposant par exemple la plateforme Energyscope, un système de réponse aux questions grâce aux modèles où nous explorons, en collaboration avec les autorités, le développement d’outils de « targeting-monitoring » (processus de surveillance et de suivi des objectifs fixés, ndlr) de la transition.
En tant que source d'information, le blog de Romande Energie offre une diversité d'opinions sur des thèmes énergétiques variés. Rédigés en partie par des indépendants, les articles publiés ne représentent pas nécessairement la position de l'entreprise. Notre objectif consiste à diffuser des informations de natures différentes pour encourager une réflexion approfondie et promouvoir un dialogue ouvert au sein de notre communauté.
Pour les producteurs indépendants, le calcul du prix de reprise peut paraître opaque. Dans cet article, nous vous aiguillons afin de vous permettre de comprendre comment ce tarif est établi et à partir de quels éléments il est défini.
L'essentiel en trois points :
- Installer des panneaux solaires n'est pas une démarche à entreprendre dans l'optique de générer des rendements financiers, mais pour favoriser l'autoconsommation.
- Le GRD ne peut légalement pas générer des bénéfices en reprenant le courant refoulé par les producteurs dans son réseau et calcule son prix de reprise en se basant sur ses coûts moyens d'approvisionnement. Il paie en outre uniquement la partie « énergie » aux producteurs indépendants, ces derniers n'ayant pas de frais liés à l'entretien du réseau.
- À l'avenir, le prix de reprise devrait suivre une tendance baissière, notamment puisque les coûts d'approvisionnement baissent. Il devrait également être calculé sur une base trimestrielle dès 2027.
Alors que les prix de l'énergie solaire sont aujourd'hui à la baisse, de nombreux producteurs photovoltaïques indépendants se posent des questions quant aux tarifs de reprise pratiqués par les gestionnaires du réseau de distribution (GRD). Une donne qui peut avoir tendance à provoquer la grogne des particuliers et des entreprises ayant opté pour l'installation de panneaux photovoltaïques dans l'optique de générer des rendements financiers additionnels. Pour mieux comprendre les bases et la logique sur lesquelles est établie la tarification de la reprise, on vous propose de faire le tour de la problématique en cinq points-clés.
1. Des panneaux solaires pour favoriser l'autoconsommation, pas pour générer des rendements financiers
Dans un premier temps, il semble essentiel de rappeler un point fondamental. Celui de l'objectif principal visé lorsque l'on décide d'opter pour l'installation de panneaux photovoltaïques. Comme présidé dans le cadre de la Stratégie énergétique 2050, l'énergie solaire, et sa démocratisation par l'intermédiaire des nombreuses installations sur les toitures des particuliers et des entreprises, a pour but premier de favoriser l'autoconsommation. L'objectif n'est pas, et n'a jamais été, de proposer une source de revenus complémentaires aux personnes qui franchissent le pas en installant des panneaux. Le solaire ne doit donc pas être envisagé comme un investissement destiné à générer des rendements financiers. D'un point de vue économique, bénéficier de panneaux photovoltaïques au sein de son logement reste bien entendu synonyme d'économies réalisables dans le sens où, après les dix à vingt années nécessaires à l'amortissement de l'installation, l'électricité autoconsommée peut être considérée comme gratuite. Mais il ne s'agit pas de s'enrichir grâce au solaire en espérant revendre son courant à prix d'or.
2. Dynamique de l'offre et la demande, quelques notions de base
La production d'énergie solaire doit également être considérée dans le contexte de l'offre et de la demande. Forcément, on produit le plus d'électricité photovoltaïque durant les jours d'été, alors que l'offre est plus grande que la demande. On se retrouve donc avec beaucoup de courant issu de la filière solaire. Conséquence directe logique : les prix suivent une tendance baissière.
En ce qui concerne les garanties d’origine, à ce jour, l'équilibrage de l'offre et de la demande de ce marché se fait sur une base annuelle. Ce qui, dès 2027, devrait changer suite aux évolutions du cadre légal qui prévoient de suivre un marquage trimestriel. Notons par ailleurs que, pour produire davantage d'énergie solaire en hiver, période marquée par une plus faible production et une plus forte demande, il faudrait être en mesure d'installer des panneaux verticaux, notamment en façade. Ce qui implique des coûts élevés et, pour des particuliers, pose souvent problème puisque les surfaces disponibles en façade se prêtent peu à ce type d'exploitation photovoltaïque.
3. Contraintes et obligations du GRD
De son côté, le GRD est tenu légalement de reprendre le courant refoulé dans son réseau, et cela pour tous les producteurs indépendants d'une puissance inférieure à 3 MVA, ou 5 GWh de production, par année. Pour établir son prix de reprise, le GRD doit tenir compte de plusieurs facteurs, dont ses propres coûts moyens d'approvisionnement énergétique, soit l'énergie produite par l'intermédiaire de ses propres infrastructures et celle achetée sur le marché. L’électricité fournie par Romande Energie est constituée d’environ 40% d’énergie renouvelable suisse. Les 60% restant sont achetés sur le marché de l'énergie et, suite aux fluctuations du marché, peuvent impacter le tarif de reprise. Pour 2024, il est fixé à 17,60 centimes le kilowattheure avec les garanties d'origine, et à 16,80 sans. Il faut également préciser que le rôle du GRD consiste dans ce cadre à agir tel un simple relai entre les producteurs qui refoulent leur courant solaire, le réseau et les consommateurs finaux. Une opération pour laquelle le GRD n'a d'ailleurs pas le droit légalement de générer des bénéfices.
4. Comprendre les différences entre le prix de l'énergie acheminée par le GRD et le prix de reprise
Souvent remarquée et mise en avant, la différence de prix entre l'énergie acheminée par le GRD et ses tarifs de reprise peut sembler perturbante. Pour la comprendre, il faut réaliser que, lorsque l'on paie sa facture d'énergie, on ne paie pas que l'électricité. En effet, la facture se distingue en trois composantes essentielles, à savoir l’énergie, le transport et les taxes. Outre l'énergie, les consommateurs paient ainsi au GRD une partie liée à l'acheminement de l'électricité et à l'entretien du réseau, sans oublier le volet de taxes (fédérales, cantonales et communales, TVA). Les charges du GRD sont donc multiples, d'où leur répercussion dans ses factures en plus du coût de l’énergie. Ce qui n'est pas le cas du producteur qui revend uniquement son énergie, d'où un prix de reprise lié uniquement à la partie « énergie ». Même si physiquement l'énergie produite à un endroit est consommée par les consommateurs les plus proches du lieu de production, la Loi demande une équité de traitement au niveau du timbre, qui ne différencie donc pas la distance entre les lieux de productions et ceux de la consommation.
5. Quelles sont les prévisions générales pour l'avenir et quelles bonnes pratiques préconiser auprès des producteurs ?
S'il est difficile de prédire avec exactitude les prix de reprise de ces prochaines années, on sait déjà qu'ils devraient suivre une tendance baissière. Une dynamique qui s'explique notamment en raison des coûts d’approvisionnement qui baissent de manière globale et, plus particulièrement, de la stratégie de Romande Energie concernant la gestion de ses coûts d’achat sur le marché. De manière générale, rappelons encore qu'il reste dans tous les cas toujours plus avantageux pour un producteur indépendant de favoriser au maximum l'autoconsommation pour profiter pleinement de son installation solaire et ainsi l'amortir plus rapidement.
En tant que source d'information, le blog de Romande Energie offre une diversité d'opinions sur des thèmes énergétiques variés. Rédigés en partie par des indépendants, les articles publiés ne représentent pas nécessairement la position de l'entreprise. Notre objectif consiste à diffuser des informations de natures différentes pour encourager une réflexion approfondie et promouvoir un dialogue ouvert au sein de notre communauté.
Romande Energie est un partenaire de choix du festival du voyage à vélo - Festivélo qui a lieu chaque année en novembre à Lausanne, une occasion en or de vous parler de ce mode de voyage peu gourmand en énergie (sauf celle de vos mollets !).
L’essentiel en 3 points :
- Voyager à vélo en Europe nous permet de réduire considérablement l’impact carbone de nos vacances, surtout si nous rejoignons notre destination en transports publics.
- Il existe des itinéraires balisés et sécurisés pour tous les niveaux et toutes les destinations, du cycliste du dimanche au sportif accompli et du bord de mer au col de montagne.
- Voyager à vélo est plus simple qu’il n’y paraît, de nombreuses ressources et services sont disponibles pour vous préparer au mieux et vous accompagner tout au long de votre périple – cet article en fait partie !
Voyager à vélo peut paraître compliqué de prime abord, ce qui pourrait en décourager plus d’un.. Dans cet article nous allons donc essayer de vous guider au mieux dans la préparation d’un premier voyage à vélo, notamment via une liste d’itinéraires et des ressources bien sélectionnés.
Qui dit voyage à vélo, dit le plus souvent, volonté de réduire l’impact carbone de ses vacances, découvertes locales et éloge de la lenteur. C’est pour cela que nous allons nous concentrer uniquement sur des destinations européennes et accessibles facilement en transports publics !
Choisir sa destination et son itinéraire :
Il s’agit là de la première étape et peut-être de la plus compliquée. Il existe aujourd’hui une pléthore de véloroutes (itinéraires vélo balisés) à travers la Suisse, l’Europe et le monde, il est vite possible de se retrouver submergé. De plus, les véloroutes ne se valent pas toutes et ne sont pas toutes aussi bien aménagées. Ainsi, certaines sont en voie propre sur l’entier du parcours, d’autres sur une partie seulement, tandis que d’autres encore consistent majoritairement en des routes partagées avec le trafic (mais ne vous inquiétez pas, il y a tout de même peu de chance de vous retrouver sur une autoroute).
Pour vous aider, nous vous avons fait une sélection de parcours adaptés à différents profils de voyageurs avec des itinéraires aussi bien en Suisse qu’en Europe.
Itinéraires familles et « cyclistes du dimanche » :
Les véloroutes sélectionnées ci-dessous sont particulièrement adaptées aux familles. Les parcours sont généralement plats (en bord de mer ou de rivière) et très bien aménagés avec de nombreuses portions en site propre. La France est particulièrement représentée dans ces parcours car les itinéraires français sont de très bonne qualité et bien documentés, parfait pour un premier voyage à vélo !
- Route du Rhône – Route 1 -> du Bouveret à Brig sur 120 km
- La vélodyssée (Eurovélo 1) -> de Hendaye à Nantes (900 km) ou Roscoff (1300 km)
- La Loire à vélo (Eurovélo 6) -> 650 km de Nevers à l’Océan Atlantique
- Le Rhin à vélo (Eurovélo 15) -> 1200 km entre Disentis et Rotterdam. Les sections suisse et française ont leur propre site Internet.
- Via Rhôna (Eurovélo 17) -> 740 km de Genève à la Méditerranée
- Vélo route de la Mer du Nord (Eurovélo 12) -> 1700 km de côtes sur les parties belge, hollandaise et allemande
Itinéraires moyens… ni trop difficiles ni trop faciles :
Les véloroutes sélectionnées ci-dessous sont destinées aux personnes qui font régulièrement du vélo ou qui ont une assez bonne condition physique. Cependant, pas besoin d’être un cycliste chevronné, la condition physique d’un bon randonneur suffit ! Ces itinéraires ne sont pas toujours en voies propres et peuvent parfois avoir de belles montées. De plus, certains ne suivent pas un itinéraire eurovélo ou national et sont donc moins bien indiqués, il peut être utile d’utiliser un tracé GPS ou une carte.
- Route du jura - Route 7 (ou variante Route 54) -> 280 km de Nyon à Bâle
- Véloroute de la Méditerranée (Eurovélo 8) -> les parties françaises (850 km), slovènes (130 km) et croates (1100 km) sont terminées et très bien aménagées
- Alpe Adria radweg -> 415 km de Salzburg à Grado, des Alpes à la mer Adriatique
- Petites Routes du soleil -> 900 km entre Thonon-les-Bains et Nice
- Inn Radweg -> 520 km entre la Suisse, l’Autriche et l’Italie le long de la rivière Inn
- La Slovénie -> La Slovénie possède un réseau cyclable de très bonne qualité souvent en voie propre, notamment la Juliana Bike dans les Alpes (Carte) sur 290 km
- La Catalogne -> La Catalogne possède de nombreuses voies vertes (hors circulation) et itinéraires cyclables pour tous les niveaux
- Le Danemark -> le Danemark possède de nombreuses voies cyclables plates et en pleine nature (en partie non goudronnées), notamment la West Coast Route
Itinéraires « Grands sportifs » :
Les véloroutes sélectionnées ci-dessous sont destinées aux personnes avec une bonne conditions physique et à l’aise sur des routes partagées avec des voitures. La plupart des parcours ont des dénivelés importants et de nombreuses portions sur des routes qui sont parfois très fréquentées comme par exemple des cols alpins.
- Berner Oberland Route (Route 61) -> 96 km de Thoune à Meiringen en passant par le col de la Grosse Scheidegg, 2800m de dénivelé au total
- Route des Lacs (Route 9) ou Route Panorama Alpin (Route 4) -> Pour traverser la Suisse d’ouest en est à travers les Alpes sur environ 500 km
- Route des Grisons (Route 6) -> 255 km et 5400 m de dénivelé à travers les Grisons
- La Route des Grandes Alpes -> 700 km et 27'000 m de dénivelé de Thonon à Nice
- La Wild Atlantic Way (Eurovélo 1) -> 2350 km le long de la côte ouest de l’Irlande
- Sicily Divide -> 460 km de pistes non goudronnées à travers la Sicile
- La Norvège -> La Norvège compte de nombreux itinéraires cyclables notamment l’Eurovélo 1 et l’Eurovélo 12 le long des côtes et l’Eurovélo 3 à l’intérieur des terres
- Le Tyrol autrichien et italien -> Le Tyrol tant italien qu’autrichien offre de nombreux itinéraires cyclables et surtout de magnifiques cols de montagne, notamment dans les Dolomites
Équipement et organisation :
Votre itinéraire trouvé, il s’agit maintenant de vous équiper et d’organiser votre périple. Un voyage à vélo peut nécessiter beaucoup de matériel, mais pas de panique, il n’est pas nécessaire de tout acheter pour un premier voyage ! De nombreuses agences de location de vélo proposent également les sacoches, voire la tente si vous envisagez le camping.
Des agences de voyage spécialisées dans les vacances à vélo peuvent également vous organiser votre itinéraire ainsi que les logements et le matériel. Il est même possible de se faire livrer ses bagages chaque soir à son logement pour ne pas avoir à les transporter. Dans le canton de Vaud il existe par exemple Bolavelo à Lutry et Roule et Voyage à Bex qui organisent des voyages à vélo.
Au niveau de l’équipement nécessaire, nous n’allons pas réinventer la roue dans cet article, France vélo tourisme fournit de nombreux conseil sur Comment choisir son matériel tout comme de nombreux blogs et livres (listés en fin d’article).
Vélo et transports publics :
Cet aspect est souvent le plus compliqué du voyage à vélo, les transports publics n’étant souvent pas encore (ou plus) équipés pour les vélos et encore moins les remorques !
Heureusement, l’Association Transports Environnement (ATE) a compilé sur son site l’Europe en train, qui rassemble les meilleurs itinéraires pour aller partout en Europe depuis la Suisse, les informations pour voyager avec son vélo dans les train européens. Pour la Suisse l’Association Pro-vélo a écrit un petit guide Vélo et transports publics.
En règle générale, les vélos sont autorisés dans les trains régionaux (par exemple les TER français) et souvent gratuits, il est donc recommandé de prendre au maximum ce genre de trains. Les trains longue distance, comme les TGV français ou les IC allemands, ont généralement des places vélos mais pas dans tous les trains et celles-ci partent vite : pensez à réserver ! Dans tous les cas, il est toujours autorisé de transporter un vélo démonté dans une housse, mais chaque pays a des dimensions autorisées différentes.
Bon à savoir pour les trains européens :
• En France, certains TGV ont des places vélo mais pas les TGV Lyria qui circulent depuis la Suisse.
• L’Eurostar est interdit aux vélos, même démontés.
• Certains trains de nuits ont des places vélos, notamment ceux vers l’Allemagne et l’Autriche.
• Les règles pour les trains internationaux peuvent différer entre les règles du pays de départ et celui de destination.
• Les remorques sont généralement tolérées dans les trains régionaux.
Ferry : les vélos sont généralement acceptés sur les Ferrys, notamment ceux vers la Sicile, la Corse, l’Islande, la Norvège et l’Irlande. Les vélos voyagent même gratuitement avec certaines compagnies.
En selle :
Il ne vous reste maintenant plus qu’à vous laisser imprégner des différents itinéraires proposés et de planifier sereinement vos prochaines vacances… à vélo.
Ressources utiles :
- Eurovelo
- France vélo tourisme
- Europe en train – Voyage à vélo
- Suisse mobile - Véloland
- TCS – Voyager à vélo avec des enfants : quel matériel ?
- Vélodyssée – Comment bien préparer son premier voyage à vélo
- Un monde à vélo – Préparer votre premier voyage à vélo
- Manuel du Voyage à vélo (Livre)
- À vélo en famille – Le guide pour voyager avec sa tribu (Livre)
- Partir à vélo (Livre)
- Guide - La Suisse à vélo (Livre)
- Lonely planet – L’Europe à vélo (Livre)
Mes blogs préférés :
Les blogs ci-dessous ont tous étés utilisés et éprouvés maintes fois pour la planification de voyages à vélo à travers l’Europe et même un peu plus loin.
Pour les consommateurs finaux d'électricité, la transition énergétique actuelle se matérialise par des moyens toujours plus nombreux et plus efficaces d'agir sur sa consommation. Portée par le développement de la mobilité électrique, la baisse quasi constante des coûts du photovoltaïque (technologie de production décentralisée par excellence) et des batteries, rend désormais rentable l'installation de systèmes de stockage d'énergie. Ceci est d'autant plus vrai pour les entreprises, par opposition aux ménages privés, en raison d'une consommation à la fois plus importante et différente dans ses caractéristiques. Cet article a pour but de décrire et de mettre en perspective les différentes situations dans lesquelles le stockage d'énergie peut s'avérer être une excellente option pour ce type de consommateurs.
Une facture d'électricité réduite
L'entrée en vigueur le 1er janvier 2018 de la nouvelle Loi sur l'énergie a marqué un virage dans les mécanismes de subventionnement des installations photovoltaïques. La rétribution à prix coûtant (RPC), rétribuant l'injection sur le réseau du surplus de production, cède progressivement sa place à la rétribution unique (RU). Comme son nom l'indique, cette subvention est versée en une seule fois et permet de réduire l'investissement lié à une nouvelle installation. À priori anodine, cette modification des méthodes d'encouragement change radicalement la donne. Là où les anciennes installations bénéficiant de la RPC avaient intérêt à injecter dans le réseau une partie de l'énergie produite, les détenteurs de nouvelles installations subventionnées par la RU sont, eux, poussés à maximiser leur autoconsommation. Profitant d'un coût de production marginal quasi nul, cette production d'énergie peut en effet être valorisée au prix de l'énergie soutirée du réseau si elle est consommée localement.
Il existe néanmoins des situations où il est difficile, voire impossible, de faire correspondre dans le temps la consommation d'électricité avec la production photovoltaïque. C'est notamment le cas pour des entreprises présentant une consommation en ruban, quasi constante de jour comme de nuit, ou pour celles dont la consommation baisse drastiquement durant la pause de midi, au moment où la production photovoltaïque est à son maximum.
Dans de tels cas, le stockage de l'excédent momentané de production en prévision d'un prochain excès de consommation reste le meilleur moyen de maximiser la valorisation de la production locale. Les batteries sont particulièrement adaptées à ce type de stockage, dit journalier. Compacts, présentant un rendement énergétique autour de 90% et une durée de vie d'au moins une dizaine d'années, ces systèmes sont un excellent complément aux installations photovoltaïques. Et ceci d'autant plus que leur impact environnemental est appelé à diminuer drastiquement grâce à la mise en place de filières de recyclage ou de l'utilisation de batteries dites de « seconde vie ». Trop usées pour continuer de répondre aux sollicitations des véhicules électriques dont elles sont issues, ces batteries conservent néanmoins des caractéristiques tout à fait suffisantes pour une utilisation stationnaire. Elles sont alors reconditionnées avant d'être installées dans des bâtiments, de manière similaire à des batteries neuves. En Suisse, des projets pilotes tels que celui mené par La Poste et le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (EMPA) vont dans ce sens.
L'utilisation de l'énergie stockée lors de période de faible production n'est pas le seul moyen de réduire sa facture d'électricité. Une partie de l'énergie stockée peut également être réservée en prévision des instants lors desquels la consommation est à son maximum. De cette manière, la demande lors de ce pic de puissance ne sera pas exclusivement assurée par le réseau de distribution. Cette utilisation du stockage, connue sous la dénomination anglaise de « peak-shaving », permet ainsi de réduire la puissance maximale soutirée du réseau et de diminuer d'autant la part de la facture associée à cette grandeur. Elle peut se révéler particulièrement intéressante pour des entreprises dont la courbe de charge présente de fortes variations pouvant être créées, par exemple, par le démarrage synchronisé de machines ou le fonctionnement cyclique de compresseurs, de pompes ou de systèmes de ventilation. De plus, l'installation d'un système de stockage utilisé pour du « peak-shaving » peut également permettre, dans le cadre de l'installation de nouveaux équipements, d'éviter un renforcement du raccordement au réseau potentiellement coûteux.
La qualité d'approvisionnement
Bien que les chiffres concernant la qualité d'approvisionnement en Suisse soient globalement excellents, des batteries sont installées depuis de nombreuses années dans les bâtiments où une coupure de courant, même de très courte durée, pourrait avoir des conséquences graves, tels que les hôpitaux ou les « data centers ». De faible capacité, ces batteries sont destinées à fournir de l'électricité durant le laps de temps nécessaire à l'enclenchement de systèmes capables de prendre le relais de façon prolongée, des groupes électrogènes dans l'immense majorité des cas.
Ces systèmes, nommés UPS (pour l'anglais « uninterruptible power supply »), sont traditionnellement complètement autonomes et n'ont pour seul rôle que d'intervenir durant les coupures de courant. Ils restent par conséquent le plus souvent inutilisés. Or, des batteries installées conjointement à une installation photovoltaïque dans le but d'augmenter l'autoconsommation peuvent aussi parfaitement remplir ce rôle. De plus grande capacité, elles permettent d'assurer la consommation électrique durant un laps de temps plus long et pour un plus grand nombre d'applications.
Dans un contexte industriel, ce type d'utilisation peut être particulièrement utile pour des chaînes de production robotisées, où une coupure de courant entraînerait la perte de contrôle d'éléments mécaniques se déplaçant à grande vitesse et pouvant potentiellement engendrer des dégâts très importants. À la détection d'une coupure de courant, l'énergie stockée dans la batterie est utilisée pour alimenter la chaîne de production, le temps d'arrêter la production de manière contrôlée et sécurisée.
La valorisation à travers les services systèmes
Il existe une troisième manière de valoriser un système de stockage : la participation aux services systèmes. Ces services, contrôlés par l'opérateur du réseau national Swissgrid, visent à maintenir en permanence l'équilibre entre la production et la consommation, ceci afin de garantir la stabilité de l'ensemble du système de production, de transport et de distribution de l'électricité. Dans les faits, cet équilibre est assuré par l'injection ou le soutirage d'énergie supplémentaire en réaction à la variation de la consommation ou de la production. Ces services systèmes sont organisés en trois catégories, en fonction de la rapidité de la réaction et de la quantité d'énergie en jeu : les services primaires (requérant une réaction rapide mais une relativement faible quantité), les services tertiaires (faisant intervenir de grandes quantités d'énergie sur des temps bien plus longs), et les services secondaires (à mi-chemin entre les deux autres).
Par leur densité énergétique et leur capacité à changer rapidement leur point de fonctionnement, les batteries sont particulièrement bien adaptées à une participation aux marchés des services primaires et secondaires. Pour les entreprises détentrices de batteries, il s'agit d'un moyen supplémentaire de valoriser leur investissement en ne se contentant plus de réduire leurs coûts de fonctionnement, mais en générant également des revenus supplémentaires. Pour cela, les entreprises laissent à des intégrateurs le contrôle partiel de leur système de stockage. Ces intégrateurs mettent alors aux enchères auprès de Swissgrid la capacité d'agir sur l'équilibre du réseau que leur confère le contrôle d'un grand nombre de batteries regroupées au sein de leur parc. Ils reversent ensuite une partie de leurs gains aux entreprises propriétaires des batteries qui peuvent ainsi amortir d'autant plus rapidement leur investissement.
Une utilisation combinée
L'installation de tels systèmes de stockage au plus près de la consommation finale participe clairement à la transition énergétique actuelle, qui voit non seulement la production mais aussi le contrôle du système électrique tout entier se décentraliser. Comme décrit plus haut, cette transition offre aux entreprises de nouvelles opportunités en leur donnant la possibilité non seulement de réduire les coûts liés à leur consommation électrique, mais en générant également de nouveaux revenus. Ces opportunités sont d'autant plus fortes lorsque que les systèmes de stockage sont valorisés par l'intermédiaire de plusieurs services, souvent complémentaires. À l'échelle européenne, de grandes entreprises franchissent déjà le pas. En Allemagne, Daimler a ainsi participé aux projets AREUS et DC-INDUSTRIE qui visaient la mise en place de chaînes de production énergétiquement efficaces et utilisant des systèmes de stockage d'énergie.
Néanmoins, il n'est pas forcément nécessaire que chaque entreprise se munisse d'une batterie et d'une installation photovoltaïque. Sous réserve d'un cadre légal adéquat, les différents services mentionnés plus haut peuvent parfaitement être mutualisés à l'échelle d'un bâtiment ou même d'une zone industrielle, permettant à coup sûr des économies d'échelle. Dans cette perspective, les acteurs majeurs du secteur, tels que Romande Energie, ont un rôle important à jouer. Grâce à leur maîtrise de l'entier de la chaîne et à leur large spectre de compétences, ils sont et resteront des interlocuteurs incontournables pour les entreprises prêtes à emboîter le pas de la transition énergétique.