Découvrez comment les investissements financiers pourraient aider l'environnement.
24 août 2020 5 min
Juliette Lerch

Rédactrice
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Chaque jour, plus de 5'000 milliards de dollars sont échangés dans le monde. Autant d’argent qui peut servir tant à financer les énergies fossiles que les énergies renouvelables. Nos choix d’investissements ont donc un impact colossal sur les émissions de gaz à effet de serre.

Chaque franc que nous confions à une banque ou à une institution de prévoyance a un impact sur la société et l’environnement. En fonction des investissement réalisés, l’argent peut donc être nuisible au climat et à l’environnement, ou au contraire favoriser la transition énergétique et la protection de l’environnement.

Des investissements peu durables en Suisse

En Suisse, le secteur bancaire contribue encore largement aux changements climatiques : la quantité de gaz à effet de serre attribuée aux fonds de placement en actions équivaut aux émissions annuelles de la Suisse ! La Banque nationale suisse (BNS) n’est pas en reste, puisque 60% de ses placements émettent à eux seuls l’équivalent de 48,5 millions de tonnes de CO2, soit plus que les émissions totales de la Suisse. En 2017, la BNS investissait par exemple deux milliards de francs dans les centrales à charbon, filière électrique la plus polluante qui soit.

Ces investissements ne sont pas sans conséquence selon l’Office fédéral de l’environnement. Le comportement actuel des investisseurs suisses favoriserait en effet un réchauffement mondial de 4°C à 6°C, largement supérieurs aux 1,5°C à 2°C visés par l’Accord de Paris. Des efforts massifs doivent donc être entrepris dans ce secteur pour limiter l’impact sur le climat.

La nouvelle tendance : le désinvestissement des énergies fossiles

Depuis plusieurs années, des campagnes de désinvestissement des énergies fossiles demandent l’élimination des placements dans les entreprises investissant dans les énergies fossiles, et tout particulièrement dans le charbon, afin de limiter les changements climatiques. Le constat qui se cache derrière cette campagne est le suivant : les 83 plus grands producteurs d’énergies fossiles et les sept plus grands cimentiers du monde ont généré près de 65% des émissions d’origine fossiles émises depuis deux siècles et demi. Il paraît donc plus efficace de limiter la production d’énergie fossile de quelques dizaines de gros producteurs, plutôt que d’inciter des milliards d’individus à réduire leur consommation énergétique. Il y a ainsi dans cette campagne un changement de paradigme : le problème est abordé du point de vue de la production, et non plus de la consommation, comme cela est souvent le cas. Certaines institutions, comme Publica, la caisse de pension de la Confédération, l’Université de Lausanne, ou encore la Ville de Genève, se sont engagées à désinvestir. Le mouvement commence donc à porter ses fruits.

En réorientant leurs investissements dans des placements durables, les institutions financières peuvent être des acteurs majeurs de la transition énergétique. La Banque Alternative Suisse (BAS) est par exemple pionnière en la matière. La BAS a défini de nombreux critères d’exclusion, qui précisent les domaines dans lesquels la banque n’investit pas. Les activités à forte émission de gaz à effet de serre en font bien entendu partie. Grâce à cette politique restrictive, la banque possède un portefeuille d’investissement générant 50% de CO2 en moins qu’un indice de référence comparable.

Le rôle majeur des caisses de pension 

Les quelque 2'000 caisses de pension suisses gèrent 910 milliards de francs, ce qui en fait la première fortune du pays et représente l’équivalent de 133% du PIB national. Le rôle à jouer par les caisses de pension pour rendre l’économie plus durable et pour lutter contre les changements climatiques est donc grand. Mais ce rôle est encore trop peu pris en considération par les entreprises qui sont en effet nombreuses à ne pas savoir exactement ce qu’il advient des fonds déposés auprès des caisses de pension.

De plus en plus de caisses de pension sont toutefois séduites par l’investissement durable. Depuis quelques années, le WWF réalise un classement des vingt plus grandes caisses de pension suisses et analyse dans ce cadre dans quelle mesure ces institutions placent leur argent dans le respect des critères de durabilité. La dernière étude menée par le WWF, en 2019, montre que près de la moitié des institutions examinées se sont améliorées depuis l’étude précédente, réalisée trois ans plus tôt. Il n’en reste pas moins que les questions climatiques préoccupent encore trop peu les caisses de pension aux yeux du WWF. Ainsi, seules quatre des vingt plus grandes caisses de pension du pays publient une stratégie détaillée sur la gestion des risques climatiques dans leurs activités de placement.

Certaines caisses de pension ont toutefois intégré une démarche de durabilité depuis de nombreuses années déjà. C’est le cas de la Fondation Nest qui, depuis sa création il y a plus de 35 ans, s’engage pour une prévoyance écologique et éthique. La caisse de pension Nest gère 2,9 milliards de francs, et un nombre d’affiliés en constante augmentation. En 2020, ce sont 3'547 entreprises qui sont affiliées à cette caisse de pension (+56 entreprises par rapport à l’année précédente) et 24'470 personnes assurées (+308 personnes). Depuis 2006, le rendement annuel moyen de Nest est de 3,9%, chiffre supérieur à l’indice Crédit Suisse des caisses de pension (permettant de mesurer rapidement la performance des caisses de pension suisses), qui se situe à 2,8%. La preuve que la finance durable rapporte aussi et même plus que les investissements traditionnels.

De nombreuses PME cherchent à réduire leur impact environnemental, que ce soit par l’instauration du télétravail, la réduction des voyages d’affaires ou l’approvisionnement en énergie renouvelable. Dans une telle démarche, la question des caisses de pension est souvent oubliée. Or, placer l’argent du deuxième pilier des collaborateurs dans une caisse de pension écologique et éthique représente un moyen efficace de limiter l’empreinte écologique de son entreprise. Alors, pourquoi ne pas franchir le pas ?


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