Changeons notre mode de vie.
16 juillet 2021 3 min
Hervé Henchoz

Spécialiste durabilité
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Notre avenir énergétique réside dans les énergies renouvelables, mais un aspect important est souvent délaissé lorsque nous abordons la question de la transition énergétique : la sobriété.

Des innovations toujours plus nombreuses

De nombreux scientifiques se penchent sur la question de la production d’énergie : certains imaginent produire de l’énergie grâce à des centrales solaires en orbite, d’autres souhaitent exploiter le phénomène de l’osmose pour produire de l’énergie dans les zones d’estuaires, ou encore transformer la biomasse des micro-algues en biocarburants. Par ailleurs, de nombreuses recherches se penchent sur le développement de cellules photovoltaïques pouvant être placées sur toutes sortes de surfaces – murs de maison, fenêtre, intégrées dans les tuiles, etc. Nous avons eu l’occasion de découvrir plusieurs de ces innovations au cours de cette quinzaine thématique dédiée aux énergies du futur.

Mais est-ce vraiment tout cela l’énergie de demain ?

Certes, ces recherches sont importantes et nos sociétés en auront besoin pour réaliser leur transition énergétique. Toutefois, à trop vouloir trouver des solutions technologiques, nous oublions parfois qu’une solution simple est à portée de nos mains.

Mieux, autrement et moins

La transition énergétique est basée sur trois piliers :

  • la sobriété énergétique ;
  • l’efficacité énergétique ;
  • la production d’énergie renouvelable.

Nos sociétés mettent souvent beaucoup d’efforts dans l’efficacité énergétique (« mieux ») et la production d’énergie renouvelable (« autrement »), mais nous délaissons souvent la sobriété (« moins »). Or l’énergie la plus écologique et la plus économique c’est celle que l’on ne consomme pas ! Ce premier pilier devrait donc être remis au centre de nos politiques énergétiques.

Un changement de comportement nécessaire

Il n’est pas rare que les gains obtenus grâce à l’efficacité énergétique ou les énergies renouvelables soient contrebalancés par une hausse de la consommation. C’est par exemple le cas d’une personne qui fait l’achat d’un véhicule électrique, et qui – persuadé que son moyen de déplacement est désormais « propre » – fait davantage de kilomètres avec sa nouvelle voiture qu’il n’en faisait avec son ancienne voiture à essence. Il en est de même lorsque nous rénovons un bâtiment et améliorons ainsi son efficacité énergétique, mais en profitons pour augmenter la surface habitable. Ces phénomènes sont appelés « effet rebond ».

Pour limiter ces effets et parvenir aux objectifs de la transition énergétique, il est impératif que le concept de sobriété énergétique soit intégré à nos politiques énergétiques.

La sobriété est un mot qui peut nous effrayer. Il est vrai que ce concept implique un changement dans nos habitudes de consommation. La sobriété, ou encore la frugalité, consiste à prioriser nos besoins énergétiques essentiels, tant dans les usages individuels que collectifs, et à les limiter.

Est-il par exemple pertinent de se servir d’un véhicule de plus d’une tonne pour déplacer une personne de 80 kg sur un trajet de 5 km en pleine ville ? ou ne faudrait-il pas privilégier d’autres modes de transport dans ce cas-là ? Est-il normal de vivre en t-shirt toute l’année dans un appartement chauffé à 23°C ou pouvons-nous consentir à enfiler un pull en période hivernale ?
Les économies d’énergie potentielles sont nombreuses et doivent être prises en compte. Elles sont la clé du succès pour parvenir rapidement à une transition énergétique.

La sobriété ou l’acceptation d’un mode de vie modéré

Plus que le renoncement à un certain standing de vie, la sobriété est davantage l’acceptation d’un mode de vie modéré. La sobriété implique la responsabilité individuelle de tous. Impossible, direz-vous ? Difficile, peut-être. Mais la crise liée au coronavirus nous a forcé à envisager d’autres solutions, à adopter d’autres modes de vie. Ces restrictions, parfois drastiques, mais limitées dans le temps, ont le mérite de démontrer que nos sociétés sont capables d’adaptation.

Alors, prêts pour le défi de la sobriété énergétique ?


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