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Découvrez quelles énergies renouvelables seront les plus viables d'ici à 2050.
2 décembre 2019 5 min
Martin Reid-Jamond

Rédacteur
Romande Energie

Une chose est sûre, la part du fossile et du nucléaire dans la production d’électricité tend à diminuer. Sur les trente prochaines années, les énergies renouvelables vont doper la production de courant propre pour changer drastiquement l’état des lieux du réseau électrique en 2050. Mais l’électricité suisse sera-t-elle « verte » (avec un mix d’énergies renouvelables), « bleue » (hydraulique) ou « jaune » (solaire) ? Tour d’horizon des potentiels exploitables attendus ces prochaines années.

Plafond de verre pour l’hydraulique

C’est un fait, la Suisse est une terre d’eau, de lacs et d’énergie hydraulique ! Nos barrages et centrales au fil de l’eau alimentent aujourd'hui environ 60% du réseau, avec une production actuelle de l’ordre de 33 TWh/an. On pourrait donc légitimement penser qu’à l’horizon 2050, l’électricité suisse sera encore largement « bleue ». D'après l’Office fédéral de l’Énergie (OFEN), c’est à la fois vrai et faux puisque l’hydraulique a déjà atteint l’apogée de son potentiel. Dans trente ans, rien ne laisse croire que l’hydraulique aura significativement augmenté sa production. Cela dépendra principalement du cadre politique et économique et à l’heure actuelle, nous ne pouvons miser que sur une amélioration des rendements liée aux progrès techniques à venir. Si l’on en croit les prévisions les plus optimistes de l’OFEN, la production grande et petite hydraulique totale ne devrait pas augmenter de plus de 9% en trente ans.

Un tremplin pour le solaire

En 2050, l’électricité « verte » sera en fait un mélange de « bleu » et de « jaune » ! De 1.1 TWh/an en 2016, la production photovoltaïque pourrait atteindre 19 TWh annuels selon l’OFEN. Cela, en ne prenant en compte que les simples panneaux solaires installés sur les toitures. Si le développement des façades photovoltaïques suit son cours, 6 TWh annuels pourraient s’ajouter à ce chiffre. Une augmentation de la production de près de 2’200% !

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L’éolien a également un potentiel intéressant, bien qu’il n’en soit qu’aux balbutiements avec une production de l’ordre de 0.1 TWh/an en 2016. En 2050, le chiffre sera sans doute proche des 4.3 TWh/an selon l’OFEN, qui voit dans l’éolien un potentiel quasi similaire à la géothermie profonde (4.5 TWh/an en 2050). Cette nouvelle source d’électricité n’existe pas encore aujourd'hui et devrait être pleinement exploitable dans quelques décennies, en raison d’incertitudes et d’obstacles techniques. Mais le potentiel est énorme.

Il est en tout cas largement supérieur à la biomasse, même si les installations de biogaz agricole sont encore à développer et devrait permettre une production de l’ordre de 1.3 TWh annuels dans trente ans. En effet, seule une infime partie du lisier agricole est aujourd'hui convertie en électricité. Toutefois, le potentiel réel de cette biomasse devrait être divisé entre production d’électricité, utilisation dans les transports et production thermique, réduisant d’autant sa part dans le mix électrique suisse en 2050.

Un potentiel réel mais incertain

Cette analyse de l’OFEN se veut réaliste, mais comme toute projection à trente ans, elle est incertaine. Les potentiels exprimés prennent en considération des risques « économiques » et « écologiques » anticipés mais qui peuvent varier dans le temps. Des critères sociétaux et politiques peuvent également venir grever les potentiels exprimés. Par ailleurs, si le nucléaire et le fossile ne devraient plus faire partie de la production suisse d’électricité, l’importation d’énergie issue de ce mode de production reste envisageable en 2050, dans des proportions qui restent à définir.

Enfin, le potentiel présenté plus haut reste théorique et sujet à des incertitudes techniques parfois fortes, comme c’est le cas pour la géothermie profonde. L’adaptation du réseau reste également un facteur limitant majeur, notamment pour le photovoltaïque. D'ici 2050, il faudra réussir à intégrer près de vingt fois plus d’énergie solaire issue d’une production décentralisée et par définition inconstante et irrégulière.

Le potentiel des énergies renouvelables est donc réel en Suisse, mais de la théorie à la réalité… nous avons sans doute bien besoin des trente ans qui nous séparent de 2050 !


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