Retrouvez les principaux leviers pour augmenter la résilience de votre commune.
19 octobre 2020 4 min
L'Equipe Alterna

Experts environnementaux
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Pourquoi ne pas apprendre de la crise du « Covid-19 » pour anticiper la crise climatique en augmentant la résilience des communes ? Examinons tout d’abord ce que ce terme signifie et voyons ensuite comment appliquer ce principe au niveau local.

Qu’est-ce que la résilience ?

La résilience est caractérisée par la capacité d’un système à se rétablir après une perturbation extérieure et à retrouver ses fonctions à la suite de celle-ci. Par exemple, l’écosystème d’une île volcanique peut être caractérisé de résilient s’il retrouve ses mêmes attributs (biodiversité, fonctionnement…) après une éruption. Ce concept est applicable tant à une île qu’à un individu, un écosystème, une entreprise, un territoire ou encore une société entière.

Aujourd’hui, au vu de la crise que nous traversons, il est légitime de se demander si notre société est suffisamment résiliente pour résister aux « chocs » de demain ? En effet, l’enjeu est de maintenir des conditions viables pour l’espèce humaine sur la planète terre à long terme tout en respectant les limites écologiques planétaires.

La résilience d’un système se définit en fonction de deux paramètres : sa robustesse, donc l’ampleur de la perturbation que le système peut « supporter » sans être altéré définitivement, et le temps dont il a besoin pour revenir à l’état d'équilibre antérieur au choc. Une grande résilience d’un système lui permet ainsi, face à des perturbations, d’éviter les phénomènes de ruptures, de changements de régime brutal, ou d’effondrement.

La résilience à court terme ou la résilience spécifique d'un service urbain à une perturbation - Source [2] adapté par Alterna.

Néanmoins, lorsqu’un élément perturbateur apparaît, le système peut soit réagir immédiatement et revenir à l’état initial, soit utiliser des mécanismes d’adaptation pour amener le système vers un état d’équilibre légèrement différent de celui initialement perturbé. Cette stratégie permet au système de pouvoir absorber un choc plus grand tout en évitant un effondrement.

La résilience à long terme - Source [2] adapté par Alterna

Pourquoi une commune devrait-elle être résiliente ?

Les changements climatiques impactent l’ensemble du territoire et de la population. S’il est possible et nécessaire d’agir à tous les niveaux de la société, l’échelle communale est pertinente de par sa proximité avec la population et les compétences de ses services.

Une commune peut en effet se retrouver confrontée à divers aléas climatiques, tels que des canicules, des sécheresses, une modification de la pluviométrie ou encore un manque de neige. Ces aléas, existants tant à l’échelle suisse qu’à l’international, peuvent dès lors avoir des conséquences, notamment au niveau :

Sanitaire

  • Fragilisation de la santé de la population
  • Augmentation des maladies transmises par des moustiques

Économique

  • Diminution de la consommation et des recettes
  • Déclin du secteur touristique hivernal
  • Augmentation du chômage et de la pauvreté

Alimentaire

  • Diminution des rendements agricoles
  • Fragilisation de l’approvisionnement alimentaire
  • Manque d’eau potable

Environnementaux

  • Augmentation de la fréquence des dangers naturels
  • Dépérissement de la flore et faune locale

Ces nombreux défis peuvent être anticipés par les services publics afin d’initier une dynamique de résilience au sein de la commune pour protéger les citoyens face aux conséquences des changements climatiques.

Quelles stratégies pour augmenter la résilience d’une commune ?

La diversité, l’auto-organisation et l’apprentissage sont les éléments-clés d’une société hautement résiliente [3]. La diversité signifie la multiplication des ressources ou des moyens de répondre à un danger. L'auto-organisation permet de restaurer un système défaillant sans recourir à un système central. L'apprentissage consiste à préparer la population à réagir face à des aléas climatiques, ou adapter le système après une première crise. Grâce à ces stratégies, la commune peut minimiser les impacts des perturbations climatiques et supporter des évènements de plus grande ampleur et plus fréquents. Le but est à la fois « d’éviter l’ingérable » et « de gérer l’inévitable ».

Ainsi, afin de pouvoir absorber et se relever des crises à venir, la commune peut mettre en place une stratégie de résilience, dont les principales étapes consistent à :

  • Lister les risques potentiels, leur probabilité d'occurrence et leurs impacts possibles grâce aux nombreuses études scientifiques ;
  • Cerner les vulnérabilités locales applicables à son territoire ;
  • Faire l’inventaire des moyens existants et des atouts locaux ;
  • Élaborer des réponses adaptées aux risques identifiés, soit par de nouvelles mesures, soit par le renforcement de celles ayant fait leurs preuves.

Quelles actions concrètes ?

Comme évoqué plus haut, une commune dispose de trois principaux leviers afin d'augmenter sa résilience. Ci-dessous, quelques propositions non exhaustives pour chacun d'entre eux :

Diversification

  • Diversifier les modes de distribution des produits agricoles : vente directe, paniers légumes, marchés de producteurs locaux, etc.
  • Décentraliser et multiplier les sources de production électrique : soutien à l’autoconsommation énergétique des habitants grâce à des installations d’énergies renouvelables, etc.
  • Diversifier les moyens de protection contre les dangers naturels : bassins de rétention en amont, création de zones inondables, augmentation de l’infiltration, etc.
  • Créer des « points santé » pour renseigner et soigner rapidement la population ;
  • Multiplier l’offre des moyens de transports à disposition de la population ;
  • Renforcer et protéger les écosystèmes naturels et la biodiversité afin de maintenir les services écosystémiques.

Auto-organisation

  • Inclure la population dans le processus de prise de décision et de planification avec les autorités locales : démocratie participative et « en ligne » ;
  • Favoriser la démocratie décentralisée : création d’assemblées citoyennes ;
  • Augmenter l’auto-suffisance alimentaire locale en favorisant les potagers urbains.

Apprentissage

  • Enseigner à la population comment réagir et se protéger en cas de danger (inondation, incendie, canicule, premiers soins, etc.) ;
  • Former et informer le milieu agricole sur la manière d’adapter l’agriculture face aux changements climatiques : choix d’espèces résistantes au stress hydrique, maintien de la fertilité des sols, etc.
  • Soutenir les personnes vulnérables face aux maladies, aux canicules : favoriser la mise en place de réseaux de soutien bénévole, etc.
  • Augmenter les moyens de réparer et fabriquer ses équipements : organisation de « repair-café' », laboratoires ouverts de réparations et de fabrication.

Conclusion

Les clés d’une société plus résiliente sont l’anticipation et une bonne préparation, qui permettront de mettre en place les différents principes mentionnés ci-dessus : diversité, auto-organisation et apprentissage. De plus, l’implication de la commune ainsi que la communication sont essentielles pour que les habitants puissent accepter et s’approprier les mesures mises en place.

Un plan climat est l’outil idéal pour mettre en place un plan de mesures pour augmenter la résilience d’une commune.

 

Sources :
1 https://naturalresources.anthro-seminars.net/concepts/ecological-concept-resilience-and-resistance/
2 https://journals.openedition.org/developpementdurable/9208
3 https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2007-2-page-115.htm


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